Lamoura selon Adrien GAUTHIER

SOUVENIRS D’ENFANCE À LAMOURA

Monsieur Gauthier est né à Septmoncel en 1917. Son père Zénon Gauthier était natif de la Combe du Lac. La famille d’Adrien Gauthier a habité à la Combe du Lac dans la ferme de son grand-père Eugène Gauthier (né en 1850) d’avril 1919 jusqu’en 1922. Puis de 1922 à 1933 ils ont a habité au village dans l’immeuble de son oncle Jules Gauthier. Avant 1890 (et la crise de la lapidairerie), à Lamoura on était naturellement cultivateur (avec 2 ou 3 vaches) et lapidaire. Mais à partir de cette date, cela n’était plus économiquement viable et les parents ne souhaitaient plus voir leurs enfants continuer ainsi. C’est pourquoi M. Gauthier a continué ses études après l’école primaire, à Champagnole à L’Ecole Primaire Supérieure où l’on préparait Les Arts et Métiers (ce qu’a fait son frère). Mais en 1933 (il a 26 ans), les diplômés des Arts et Métiers ne peuvent plus prétendre qu’à des emplois d’ouvriers ; il prépare donc l’Ecole Normale et devient instituteur . Il reste en poste 2 ans à Saint- Lupicin (avec l’instituteur qu’il avait eu à Lamoura). Puis il sera militaire durant 2 ans et prisonnier pendant 5 ans. Après la guerre il revient 1 an instituteur à l’Ecole de la Grenette à Saint-Claude. Il réussit le concours d’Inspecteur du Travail en 1946, poursuit sa carrière à Chalon sur Marne, puis Bourg en Bresse de 1947 à 1974, terminant Directeur Départemental du Travail, de la main d’œuvre et de la Formation professionnelle . En 1946 il a épousé Renée David, fille de Léon David (conseiller municipal puis adjoint au maire de Lamoura). « C’était une artiste, qui écrivait de manière merveilleuse ». Chaque année, Il est toujours revenu à Lamoura avec ses enfants dans un immeuble sis à Tréchaumont où ont vécu ses beaux- parents de 1921 à 1976. Monsieur GAUTHIER revient avec émotion dans la salle de classe enfantine de l’école primaire de son enfance (actuellement la salle du Club).

À LA COMBE DU LAC

La famille de Monsieur Gauthier est venue s’installer à la Combe du Lac en avril 1919 dans la maison de son grand-père Eugène Gauthier (né en 1850) (actuellement chalet de La Serra). Ils y sont restés jusqu’en 1922. Dans cette ferme à 2 corps étaient logées plusieurs familles : le grand-père qui avait perdu son épouse en 1907, le frère de son père Charles Gauthier et sa famille qui exploitait   la ferme, son père et sa famille qui travaillait aussi comme lapidaire, soit 14 personnes. Son premier souvenir d’enfance à la Combe du Lac est celui du jour où une vache était « tombée de la fièvre aphteuse ». En l’absence des grandes personnes, pour mieux voir ce qui se passait il était monté sur la table  et avait cassé le globe de la lampe à pétrole !!! Souvenir d’essais infructueux de son père pour utiliser un moteur à essence destiné à actionner les meules des lapidaires. A cette époque l’électricité fournie par l’usine des Sept fontaines n’alimentait que le village et une partie de Tréchaumont. Souvenir encore de son père qui faisait du ski : la course Morez-Lamoura aller et retour et de sa mère qui lui donnait une orange au passage derrière la maison. Souvenir de la ferme du Boulu (actuellement la ferme de Xavier Hugon) où il allait faire les foins chez sa tante. On fauchait alors de 4H à 9H du matin. C’est dans cette ferme qu’est né Jules Regad le père de l’actuel maire de Prémanon (Bernard Regad). Souvenir de l’école de la Combe du Lac qu’il n’a pas fréquenté; Trop jeune, l’école n’était obligatoire qu’à partir de 6 ans; mais où il est rentré. Il se souvient des cartes pendues au mur. Cette école construite en 1883 n’a pas reçu de subvention à cause de la salle de classe haute de 3m50 au lieu des 4m réglementaires ! Avant  la construction de cette  école les enfants de la Combe du Lac fréquentaient une autre école salle de classe installée dans une pièce d’une des fermes de la Combe du Lac. A mon grand regret je n’ai pu retrouver de quelle ferme il s’agissait. D’après Odette Gros-Piron cette salle de classe était installée avant 1883 dans la ferme de Charles Gros (ferme située à proximité de la pharmacie). Son grand père Eugène Gauthier (né en 1850) a fréquenté l’école dans les conditions indiquées ci-dessus de 1856 à1861. Après 1861 et jusqu’en 1881 il a rédigé chaque année un résumé relatif aux événements les plus marquants: date et importance des chutes de neige, date des semailles et la plantation des pommes de terre, date de la moisson et de la fenaison, date de la récolte des pommes de terre. Il signale les événements importants en les commentant (guerre de 1870-71, décès des personnalités de la région)… Ainsi au 19ème siècle, en ayant fréquenté une école pendant seulement 5 ans, un enfant écrivait en parfait français sans faire de faute d’orthographe. C’est René Gauthier, petit-fils de mon oncle Charles Gauthier qui détient ce précieux document dont j’ai conservé quelques extraits.

AU VILLAGE

A partir de 1922 et jusqu’en 1933 Monsieur Gauthier et sa famille sont venus habiter au village chez son oncle, le futur maire, qui vivait là avec la mère de sa femme et 2 de ses filles mariées. Le bâtiment (à droite de la mairie) était réparti en habitations et ateliers et bénéficiait de l’électricité. La diamanterie qui avait occupé 15 à 20 ouvriers de 1880 à 1914, n’a pas repris son activité après la fin de la guerre en 1918. Les locaux ont été utilisés en appartements et atelier de  lapidairerie. Le père de Monsieur Gauthier a installé un atelier spécialisé pour la préparation des bruts (sciage des blocs avec disques de cuivre diamantés). Il travaillait avec son frère pour le compte de la « Coopérative des ouvriers lapidaires » qui venait d’être créée à Septmoncel. Marcel Gauthier, le gendre de Jules Gauthier a réinstallé dans ces locaux et seulement pour quelques années le matériel destiné au travail du diamant. Souvenirs de 1922 Son institutrice Madame Benoit-Jeannin (dont le mari était lapidaire) faisait la classe enfantine dans l’actuelle salle du Club. Elle l’appelait le « petit Zénon ». La classe primaire se trouvait à côté (actuellement le magasin de sport). Un jour d’hiver, alors qu’il n’y avait que 3 élèves, Mme Benoit-Jeannin leur fit la classe dans sa cuisine. Souvenir aussi de belles fleurs sur les fenêtres de l’école. Souvenirs de 1926 Souvenir du 1er tracteur à déneiger avec un petit triangle devant et le grand triangle des chevaux derrière. Avant on déneigeait avec les chevaux (une dizaine) qui tirait un grand triangle fait de plateaux de 6 cm d’épaisseur, fabriqué par le charron-forgeron. On ne passait avec le chasse-neige seulement lorsqu’il y en avait 30 à 40 cm. On ne déneigeait que jusqu’au Pivot. Mr Gauthier se revoit, monté sur la fenêtre, admirant le spectacle des chevaux qui avançaient avec de la neige jusqu’au poitrail. Souvenirs aussi de sa fierté lorsqu’il est monté dans le tracteur jusqu’à  Clavières  et d’une composition française qu’il fit sur « le passage du tracteur », et d’un épisode où le chauffeur est resté bloqué dans un virage des  Selmembergs : il ne pouvait plus reculer à cause du grand triangle de l’arrière et il avait fallu aller chercher les chevaux pour décoincer le tracteur. Souvenir  des barrières à neige du côté de Tréchaumont de 2m de haut sur 30m de long pour éviter les congères. Souvenirs des 2 tilleuls de l’école dont les enfants faisaient la cueillette.

LES SALLES DES FÊTES

Souvenirs de « choses qui lui ont été racontées » Avant la première salle des fêtes on dansait dans les veillées avec un joueur d’accordéon. La première salle des fêtes ou de danse s’appelait CASINO. Au centre du village il y avait une boulangerie tenue par Adine et Jules Michaud. Cette boulangerie jouxtait une salle de café -restaurant. A côté se trouvait un bâtiment en bois de 7m sur 6m construit sur un socle en pierre (actuellement où habite Simone Dalloz). Le pignon était face à la route, il y avait une porte et 2 fenêtres. A l’intérieur se trouvait un piano mécanique. Quand la boulangerie a fermé le piano s’est retrouvé à l’Hôtel Dalloz. Celui-ci fonctionnait avec 2 manivelles : 1 pour débiter les rouleaux, l’autre pour sélectionner le genre de danse. On payait 10cts en bronze pour chaque danse. Après 1928, le piano disparaît : on utilise l’électricité pour amplifier le son des tourne-disques. Entre 1922 et 1927 Il existe une salle publique. L’Union Sportive loue une salle  destinée à être utilisée comme salle des fêtes dans une partie inoccupée au rez- de- chaussée ouest de la diamanterie familiale des Gauthier. L’Union sportive y organise des séances de cinéma. C’est le père de Mr Gauthier qui fait tourner l’appareil. L’Association est abonnée au « Cinéma Educateur », ce qui permet d’avoir des films moins chers. A l’époque, les films sont muets. Mr Gauthier se souvient de films catastrophes tel  « La maison de la Haine ». Les films arrivaient à la gare de Saint-Claude, le voiturier les remontait dans des sacs verts  qui contenaient 5 à 6 bobines. Avant la projection il fallait vérifier toutes les bobines, les rembobiner, recoller les films lorsqu’ils étaient cassés. Une séance commençait par un petit film d’actualité, continuait par un grand film et se terminait par un comique. On payait 2 francs par adulte et 50cts par enfants. Mr Gauthier se souvient que sa mère lui gardait les pièces de 50cts dans un tube d’aspirine ! Ce cinéma était aussi utilisé pour une séance à Lajoux. Mais la population diminuant les séances cessèrent. On y organisait aussi d’autres représentations :
  • On y a vu dans les années 25- 26 un prestigiditateur du nom de NOLBEL (alias Mr Leblond), qui mettait  sa femme dans un sac… Mr Gauthier se souvient encore de l’odeur de maquillage !
  • L’Union sportive et les maîtres d’école y organisaient les « Arbres de Noël ».
En 1926, la Commune a acheté une « baraque ADRIAN » américaine qui avait été installée au Pays de Gex pendant la guerre. Une partie fut placée là où se trouve actuellement La Maison Forestière et fut nommée « le garage noir ». L’autre partie a été installée entre l’immeuble de la Coopérative d’Alimentation « L’Espérance » et l’immeuble Benoît-Gonin (maréchal- ferrant). A cet endroit était alors un potager. Ce sont  les membres de l’Union Sportive qui , après leur travail  construisirent la nouvelle salle des fêtes. Sur un socle en béton, on assembla des cadres métalliques avec des boulons, on y vissa des tôles. A l’intérieur on fixa des parois en carton de 1cm d’épaisseur. Mr Gauthier se souvient de la tapisserie rose et du plafond blanc ainsi que de la scène fermée par un rideau. On y accédait par un escalier situé près de l’actuel Proxi. Cette salle s’est avérée trop petite, on a décidé de l’agrandir pour faire des vestiaires et pour ceux qui ne dansaient pas on a aménagé «  la galerie des belles-mères ». Les enfants se glissaient  sous le plancher et s’amusaient  à passer des carottes par les trous des nœuds du bois. Carottes que les danseurs sectionnaient  au passage pour le plus grand plaisir des petits garnements. Au début le parquet en pin était un peu branlant et glissait mal, on le remplaça par un parquet en chêne. Avant les bals on cirait le parquet. En hiver, un fourneau chauffait la salle avant les séances et on enlevait  fourneau et tuyau pendant la séance. On y aménagea une salle de cinéma.  Il s’y tenait aussi les séances des Arbres de Noël et les représentations du Théâtre ambulant de Franche-Comté. Ce dernier passait dans les villages avec des spectacles tels que « La porteuse de Pain », le Médecin des Pauvres ». Seuls les parents y assistaient, les enfants regardaient  depuis l’extérieur. A l’occasion de la fête locale de mai l’affluence pour les bals était telle que la salle s’avérait trop petite. A tel point qu’en 1927, 2 autres salles de bal furent organisées : l’une au préau de l’école situé près de l’église et l’autre dans la salle du Casino à côté de la Boulangerie Michaud.

LES FÊTES À LAMOURA

Le 1er dimanche de mai (ensuite le 3ème dimanche de mai)  fête avec des manèges suivie le lundi d’une foire. Foires : le 3ème lundi de mai et le 27 septembre, on y vend et achète bêtes et marchandises. En plus des bals, du cinéma et différents spectacles, le jeu traditionnel de quilles rassemble  les Lamourantins. Un jeu de quilles était installé derrière l’immeuble de la boulangerie. Un autre jeu de quilles existait  à gauche de la route qui monte de la place centrale au Bruchet. Les curieux qui écartent les branches peuvent découvrir les murs qui limitaient l’espace nécessaire. Pour les fêtes un gars de Mijoux venait avec sa table de roulette.

LES RUISSEAUX DE LA COMBE DU LAC

Extrait des cahiers de souvenirs de Mr Adrien GAUTHIER Le lac de la « Combe du Lac » (ou de Lamoura) serait alimenté, si l’on s’en rapporte à la plupart des cartes existantes, par un ruisseau qui prendrait sa source au lieu-dit le «Bief Froid», face à l’ancienne caserne des douanes du Pivot. Cette idée est communément répandue et même des habitants de la commune de Lamoura pensent qu’il en est ainsi. Pourtant il n’en est rien. Je connais la topographie de la Combe du Lac et je peux décrire sommairement le cours des ruisseaux qui coulent du lieu-dit le Bief Froid situé à 1200m d’altitude au Lac situé à 1150m. La source du Bief Froid naît au pied d’une roche face à la maison du « Pivot » où habitent actuellement la mère des enfants Chevassus et sa fille Mado.
  1. Un petit ruisseau né de la source traverse perpendiculairement la combe sur environ 100mètres et s’écoule dans une doline (petite dépression formée dans les régions à relief karstique). Une scierie construite au 17ème ou 18ème siècle avait utilisé cette particularité géographique et les ruines de cette construction sont encore visibles actuellement. A ma connaissance cette doline n’a jamais été obstruée et même à la fonte des neiges il ne se forme pas de retenue dans cette cuvette.
  2. Un deuxième ruisseau naît dans une zone marécageuse se trouvant entre le chemin du « Grand Car », les ruines du chalet « Gauthier » et de la ferme « Henri Bavoux ». Les eaux proviennent d’écoulements provenant du chemin du « Grand Car »et de sources dans la tourbière en cours de formation. Elles s’écoulent ensuite vers le Sud-Ouest et disparaissent dans une doline peu profonde dont le fond est garni de pierres. Cet exutoire a toujours permis l’écoulement des eaux, même au moment de la fonte des neiges.
Il est probable qu’au 17ème ou 18ème siècle un canal a été creusé pour permettre aux eaux de ce ruisseau de suivre le flanc de la Combe pour aboutir au lieu-dit « Le Crêt de la Scie » en face de la ferme Paul Gindre-Marie Gauthier (actuellement occupée par le Ski-Club de Saint-Claude). Actuellement le « Le Crêt de la Scie » n’existe plus. Il s’agissait d’une élévation de terrain d’une dizaine de mètres résultant probablement d’une moraine glaciaire. Les bulldozers ont rasé celle-ci lors de l’aménagement de la route actuelle à proximité du téléski de la « Serra ». La pente naturelle du terrain aurait conduit l’eau dans la doline située en face de l’ancienne ferme de l’ « Abbaye », (actuellement Café-Restaurant « Chez la Cocotte ». Probablement depuis le 17ème ou le 18ème siècle un canal avait été creusé pour récupérer l’eau au niveau du « Crêt de la Scie » pour aller grossir un autre petit ruisseau qui prenait sa source dans le pâturage de la ferme « Fournier » (actuellement ferme « Legrand »). Une scierie fonctionnait au 19ème siècle près de l’emplacement actuel du départ du téléski de la Serra. L’ancienne route contournait l’éperon formé par le « Crêt de la Scie ». Ce contour s’appelait d’ailleurs le « contour du Crêt de la Scie ». Le resserrement de la Combe avait sûrement été choisi pour faciliter la construction du petit barrage alimentant la roue à aubes. Un canal avait été creusé du « Crêt de la Scie » jusque vers l’école de la Combe du Lac. Celui-ci s’est progressivement obstrué de 1930 à 1960 et l’eau suivant la pente naturelle s’est écoulée dans la zone marécageuse située à un niveau inférieur à celui du canal. Ce dernier a été remis en état au moment de l’aménagement du grand parking du téléski de la Serra. Lorsque j’avais 4 ou 5 ans (1921-1922) ce canal était encore en bon état et il limitait une prairie située à l’enversi du marécage. La famille Gauthier fanait cette prairie qui est devenue un pâturage. Les boissons étaient mises à rafraîchir dans le ruisseau canalisé. Ce ruisseau est grossi par l’eau d’une source située devant la ferme Legrand. Un barrage permettait à une scierie de fonctionner face à la maison du « Dumet », actuellement poterie Guibert. Le bâtiment qui abritait la scie était construit en bois et après la guerre 14-18il avait encore une toiture mais la machine ne fonctionnait plus. Les ruines du soubassement constitué par des pierres taillées sont encore visibles lorsque l’on remonte le lit du ruisseau à partir de la route qui conduit au téléski de la Combe du Lac. Le ruisseau qui ne se perd plus dans les dolines continue à couler jusqu’au lac. A 100m de la partie amont du lac on remarque encore les vestiges d’une autre scierie dont je n’ai jamais vu le toit. J’ai l’impression que les ruisseaux de l’époque de mon enfance avaient un débit plus important qu’actuellement. Les sources qui l’alimentaient avaient-elles un plus fort débit ? Je ne puis l’affirmer. Toutefois compte-tenu de la nature du sous-sol calcaire il est probable que les infiltrations deviennent de plus en plus importantes. D’autre part le fait d’avoir entretenu le lit des ruisseaux et canalisé certaines parties a eu pour conséquence d’éviter la perte des eaux soit dans les dolines, soit dans les parties marécageuses. En procédant ainsi les propriétaires poursuivaient un double but :
  1. Ils évitaient la formation des zones marécageuses et récupéraient des terrains incultes qui pouvaient être utilisés comme pâturage ou même comme prairie à « lèche » (plante impropre à la nourriture du bétail mais pouvant être utilisée comme litière pour le bétail).
  2. Ils permettaient de créer des barrages destinés à faire tourner des roues à aubes actionnant les scieries. Ces barrages remplis pendant la nuit permettaient aux scieries de fonctionner au moins une partie de la journée pendant le printemps et l’automne et même toute la journée à la fonte des neiges. Pendant la période sèche les scieurs étaient occupés aux travaux des champs.
L’aménagement du ruisseau permettait d’autre part de mieux remplir le lac qui lui, constituait une importante réserve d’eau utilisée par deux scieries construites sur 2 dolines situées à proximité. Il faut remarquer aussi que les agriculteurs ont, pour la plupart, construit leur ferme à l’adret mais qu’ils étaient presque toujours propriétaire de terrains à l’enversi et en fond de combe. Ils cherchaient à ce que la zone marécageuse soit la plus étroite possible. Tout ce qui était utilisable en pâturage ou prairie après drainage valorisait la propriété. Certaines zones proches des ruisseaux sont de véritables tourbières. (La tourbe a été exploitée jusqu’en 1914). Ce sont :
  • la tourbière face à « Neige et Plein Air »
  • la tourbière face à l’Abbaye
  • la tourbière du Boulu face à la ferme Regard-Jacobée.

LES SCIERIES

Scierie de la doline aval, aujourd’hui disparue En 1812 il existait 7 scieries à la Combe du Lac. On ne retrouve pourtant pas la profession de « scieur » dans les énumérations des professions existant dans la commune au 19ème siècle. (voir ouvrage de M. Duhem). Cela s’explique de la manière suivante:
  1. Compte-tenu du débit irrégulier des ruisseaux ces scieries ne devaient fonctionner que quelques mois dans l’année probablement d’avril à mai et de septembre à novembre. L’eau était éclusée pendant la nuit ou pendant plusieurs jours selon le débit. Seules les 2 scieries alimentées pendant une période plus longue et disposant d’une réserve importante pouvaient fonctionner plus régulièrement : ce sont celles qui utilisent l’eau du lac (1 scierie amont et 1 scierie aval).
  2. D’autre part les scieurs étaient en même temps des cultivateurs et c’est probablement pour cela qu’ils ne figurent pas sous cette rubrique dans les statistiques. Les scieurs faisaient surtout du « sciage à façon » pour les propriétaires des environs qui construisaient ou entretenaient leurs maisons (renouvellement des toitures en tavaillons).
Pourquoi y-avait-il un aussi grand nombre de scieries pour une combe de surface aussi limitée ? 2 ou 3 aurait eu une capacité de production suffisante pour les besoins locaux. Il n’est pas impossible que la jalousie entre propriétaires ait conduit à cette prolifération. On peut également penser qu’il s’est produit un même courant de pensée que celui qui a conduit à la prolifération des « greniers-forts » ? Les propriétaires les plus importants voulaient, je pense, disposer de « leur scierie ». REMARQUE: En l’absence de ces scieries le débit des bois nécessaires à la construction des fermes et à l’entretien des toitures et bataillages il aurait fallu procéder par le procédé des « scieurs de long » ou transporter les bois en grumes vers la scierie des Molunes à Septmoncel ou aux scieries de Bois d’Amont ou Morez. Ne pas oublier que jusqu’en 1880 les toitures et bataillages étaient réalisés avec les « tavaillons ».

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